Portrait

Togo : Le charbon vert, une solution contre la déforestation

24.04.2025, 13:56

Chaque année, le Togo perd près de 3 700 hectares de forêts, soit plus de 5 millions d'arbres détruits.

Animée par la volonté de lutter contre la pollution de l'environnement et la déforestation liée à la consommation massive du bois-énergie dans son pays, la Togolaise Sévérine Ayélé Kouevi-Kokoh a créé une entreprise qui transforme les déchets organiques et résidu agricole en charbon écologique.

Dénommée « Africa Ecoword », l’entreprise produit chaque mois environ deux tonnes de charbon écologique, lequel est utilisé comme combustible pour le chauffage et la cuisson des aliments. À travers son entreprise, la jeune femme et son équipe espèrent réduire la pression exercée sur les forêts togolaises en proposant une alternative durable au charbon de bois traditionnel et favoriser un modèle économique vert et inclusif, générateur d’emplois.

« Au Togo, plus de 80 pour cent de la population utilise encore du charbon de bois et le bois. Cela représente un enjeu écologique majeur, aggravé par la gestion inefficace des déchets organiques dans nos villes. Ce projet est donc né de ma volonté d’apporter une solution durable à ces deux problèmes, en valorisant les déchets tout en créant une énergie propre accessible à tous », indique Sévérine dans un entretien accordé à la dpa.

Chaque année, le Togo perd près de 3 700 hectares de forêts, soit plus de 5 millions d'arbres détruits, d’après le ministère togolais de l'Environnement. À ce jour, Africa Ecoword a réussi à impacter environ 200 foyers, principalement des femmes, des jeunes et des restaurateurs, en substituant ainsi leur consommation de bois par du charbon écologique commercialisé sous la marque « AKA-GNOE ».

« Malgré certaines difficultés liées notamment à l’accès aux financements, le manque d’équipements industriels et la méfiance des consommateurs à l’égard de nouveaux produits, nous avons réussi à stabiliser la qualité de notre charbon écologique, à constituer une équipe compétente et à établir des partenariats avec des acteurs locaux pour la collecte des déchets », assure la Togolaise.

Actuellement en phase de croissance et de structuration, Africa Ecoword s'attèle actuellement à renforcer sa capacité de production pour la porter à dix tonnes dans les prochains mois. Elle œuvre aussi à élargir son marché et développer de nouveaux produits dérivés comme du biochar pour l’agriculture et du charbon actif pour la cosmétique.

À moyen terme, elle projette de créer une unité industrielle et former 1000 jeunes et femmes aux métiers de l’économie verte d'ici à 2030. « Notre rêve est de devenir un acteur majeur de la transition énergétique verte en Afrique de l’Ouest, en proposant des solutions écologiques, accessibles et socialement inclusives », soutient Sévérine.